L’autodétermination guide nos interventions au sein de Social Art Solutions, qu’il s’agisse du pôle éducatif accompagnant des personnes au quotidien, ou du pôle formation ayant pour mission : le développement des compétences de l’ensemble des acteurs du secteur social et médico-social ainsi que l’accompagnement et/ou le conseil auprès des établissements, services ou dispositifs de ces secteurs.
Nous avons choisi ce mois-ci de consacrer un dossier à ce concept clé de nos domaines d’intervention. Nous pensons en effet, que l’autodétermination doit guider nos pratiques pour un changement culturel et sociétal durable.
L’autodétermination peut être définie comme la capacité d’une personne à prendre des décisions et à agir en fonction de ses propres désirs, besoins et objectifs, tout en étant soutenue par un environnement respectueux de sa volonté et inclusif (dans le sens où la personne se réalise dans la société comme tout citoyen, au-delà de ses particularismes).
L’autodétermination, c’est la conviction que chaque individu, quel que soit son niveau de compétence ou ses capacités, devrait avoir la possibilité de diriger sa propre vie et de faire des choix par lui-même, pour lui-même.
Ce concept est devenu central dans notre secteur, en lien avec le mouvement d’inclusion qui vise à adapter l’environnement aux besoins des personnes plutôt que l’inverse (qui suppose que les individus devraient s’adapter à un environnement prédéfini, la plupart du temps celui qui a été forgé pour des personnes sans particularisme, qui en « empêcherait » l’accès).
Le plus petit pas
Accompagner vers l’autodétermination signifie se concentrer sur les capacités de la personne, même si elle est considérée comme « empêchée » et favoriser chaque avancée, aussi infime soit-elle, comme une progression réelle, une réussite. C’est la règle du « plus petit pas » qui permet aux professionnels de s’inscrire dans un accompagnement de la personne en ayant une démarche prônant l’autodétermination. Cela peut aller de choix extrêmement simples, comme la couleur du bol au petit déjeuner, la capacité à nettoyer seul(e) une infime partie de son corps, choisir l’odeur de son gel douche, lui préférer un savon, jusqu’à des décisions plus complexes sur les soins, la vie quotidienne, l’orientation de sa vie.
La boussole pour s'autodéterminer
Pour illustrer les avantages de pratiques éducatives orientées vers l’autodétermination, quelques principes peuvent servir de boussoles à nos accompagnements :
- Accompagner en pensant que la personne est capable : Croire en la capacité de chaque individu est le point de départ. Lorsque nous croyons au potentiel de chacun, nous créons un environnement propice à l’autonomie et à la confiance en soi.
- Permettre à la personne d’expérimenter : Encourager les individus à essayer, échouer et apprendre est essentiel pour le développement de l’autodétermination. L’apprentissage par l’expérience renforce la capacité à prendre des décisions et l’estime de soi.
- Permettre à la personne de se tromper : Les erreurs font partie intégrante du processus d’apprentissage. L’autodétermination implique d’accepter les erreurs comme des opportunités d’amélioration (ou de passer à autre chose, un autre « petit pas ») plutôt que d’être dans une posture de jugement (de faute) et de sanction.
- Permettre à la personne de changer d’avis : La liberté de changer d’avis au fil du temps en fonction de ses propres valeurs et désirs signifie que l’on reconnait son évolution. Evoluer et ajuster ses perspectives est l’expression manifeste de la capacité à réévaluer ses choix en fonction de nouvelles expériences et/ou compréhensions.
- Aider la personne à se penser comme un individu capable d’agir (pouvoir d’agir) : La perception de ses capacités à pouvoir agir est à nouveau étroitement liée à l’estime de soi, élément clé de l’autodétermination.
Les pratiques éducatives doivent viser à renforcer la confiance en soi et le sentiment de pouvoir agir, pour expérimenter en ayant la possibilité de se tromper.
La formation pour soutenir ces transformations
Le secteur social et médico-social doit poursuivre son engagement dans la formation continue pour améliorer l’accompagnement des personnes.
Nous pensons, en premier lieu, que le développement des compétences spécifiques liées à l’autodétermination doit concerner l’ensemble de la chaîne hiérarchique des établissements, en prenant en compte le fait que ces évolutions de pratiques ne peuvent être désolidarisées de transformations sociétales. Il s’agit donc de proposer des formations qui sauront intégrer la prise en compte de ce changement culturel dans une vision sociétale, mais aussi locale (la culture d’un lieu, son histoire…).
La présence des cadres dans ces espaces permettra notamment d’autoriser les équipes à expérimenter, à prendre d’autres sentiers qui pouvaient être considérés par le passé comme une « prise de risque » que l’on ne s’autorisait pas. Oser, permettre, développer une culture d’équilibre entre un contexte où la personne accompagnée est sécurisée, mais dans lequel elle est aussi accompagnée à expérimenter, supposent que les cadres valident ces approches.
En dernier lieu, pour que des dispositifs d’accompagnement aux évolutions en oeuvre (formation-action) produisent des effets durables, notamment par une véritable prise en compte de la capacité de chacun à pouvoir s’autodéterminer, il nous semble essentiel d’intégrer les personnes accompagnées à ces processus de (trans)formation. En effet, pour qu’elles ne restent pas à l’état « d’objet » de ces formations, et qu’elles en deviennent des « sujets acteurs contributeurs » (et donc qu’elles participent à leur autodétermination), il faut qu’elles soient associées au même titre que chacun à ces processus formatifs. Les dispositifs de formation et/ou d’accompagnements au changement (d’organisation, de pratiques…) doivent en cela être exemplaires en terme d’autodétermination.